Propos recueillis par Ken Joseph
Photos : Éric Corbel
« Chez BNP Paribas, nous sommes convaincus que la montée en puissance des femmes entrepreneures constitue, au même titre que l’innovation et l’internationalisation, un levier fort d’accélérateur de croissance de l’économie française. Et c’est un constat amplifié sur nos territoires ».
Ce sont les mots de Catherine Linel, responsable de la communication et du marketing au sein de BNP Paribas Antilles-Guyane, qui nous fait un tour d’horizon de l’action régionale d’une banque responsable et consciente de son environnement, fort de son engagement pour l’entrepreneuriat féminin. À ses côtés, trois entrepreneures accompagnées par la structure bancaire. Toutes audacieuses, passionnées et déterminées à se réaliser. Décryptage.
Catherine Linel, BNP Paribas a pris le parti de l’entrepreneuriat féminin, au même titre que de nombreuses entreprises. Le féminisme, la femme et son ascension sociale ne sont-ils pas devenus des archétypes d’images de marque vendeurs ? Et de façon concrète, comment s’articule votre engagement à ce propos sur notre territoire ?
L’engagement auprès des femmes fait partie des grands axes de la politique RSE menée par de nombreuses grandes entreprises aujourd’hui. Ce n’est pas un phénomène de mode, c’est une nécessité répondant à une réalité sociétale et économique. Et nous ne parlons pas de féminisme. Les enjeux sont ailleurs même si l’entrepreneuriat est une voie d’émancipation et d’épanouissement pour les femmes. Si elles constituent quasiment la moitié de la population active, elles sont beaucoup moins nombreuses dans le rang des créateurs d’entreprises, environ 30 %. Pourtant, des études montrent que les entreprises dirigées par des femmes présenteraient une profitabilité moyenne supérieure de 9 % à celles dirigées par des hommes. On voit bien que l’entrepreneuriat féminin est en développement partout dans le monde. Ces dernières années, des initiatives politiques pour promouvoir l’entrepreneuriat ont amélioré la fiscalité et les régimes de charges sociales tout en simplifiant le passage du chômage vers l’auto-emploi. Dans la situation économique actuelle aux Antilles-Guyane, il n’est plus question de gaspiller des compétences à cause de perceptions obsolètes du rôle des femmes et des hommes et de leur capacité à diriger.
Beaucoup considèrent encore qu’être femme est un désavantage pour créer une entreprise. C’est une vision provenant de stéréotypes socioculturels et de freins difficiles à dépasser. Ce sont parfois les femmes elles-mêmes qui s’autocensurent et se restreignent.
Chez BNP Paribas, nous sommes convaincus que la montée en puissance des femmes entrepreneures constitue, au même titre que l’innovation et l’internationalisation, un levier fort d’accélérateur de croissance de l’économie française. Et c’est un constat amplifié sur nos territoires. C’est dans ce cadre que depuis plusieurs années, nous encourageons les femmes entrepreneures à « voir grand » et que nous sommes à leurs côtés tout au long du cycle de développement de leur entreprise, bien au-delà de la relation bancaire.
Nous favorisons la connexion des femmes avec l’écosystème de l’entrepreneuriat en général et féminin en particulier. Nous organisons ou parrainons des événements afin de réunir ces femmes, de leur permettre d’échanger sur les bonnes pratiques, de favoriser le mentoring et confronter celles qui ont réussi à celles qui veulent se lancer. Nous leur faisons bénéficier de conseils, d’expertises, de partenariats de choix et d’accompagnements adaptés. Tout cela pour accélérer le développement de leurs projets. Mais notre action va plus loin. Il nous paraît nécessaire de sensibiliser très tôt les jeunes filles à l’entrepreneuriat. C’est pour cela que nous accompagnons l’Association 100 000 entrepreneurs qui est chargé de sensibiliser les collégiens, les lycéens et les étudiants à la création. Nous devons leur montrer que d’autres modèles de réussite existent sur nos territoires et que cette voie de carrière peut être très épanouissante. Il nous faut être auprès des jeunes femmes, mais aussi des jeunes hommes qui seront peut-être soit mari, frère ou père de femmes entrepreneures demain et seront susceptibles de les accompagner.
Le milieu entrepreneurial reste dominé par la gent masculine. Comment, lorsque l’on est une femme, s’impose-t-on dans un milieu d’hommes : en adoptant les codes masculins, en se fondant dans le moule ou au contraire en se distinguant ?
Il n’y a pas de clivage entre hommes et femmes dans notre approche. Nous ne sommes pas dans une lutte des genres. Il est certain qu’il existe des difficultés à entreprendre pour les femmes. Beaucoup considèrent encore qu’être femme est un désavantage pour créer une entreprise. C’est une vision provenant de stéréotypes socioculturels et de freins difficiles à dépasser. Ce sont parfois les femmes elles-mêmes qui se censurent et se restreignent. Les femmes sont souvent habitées par un sentiment d’illégitimité qui les handicape. Elles disent manquer de crédibilité auprès d’interlocuteurs masculins, d’accompagnement par des structures et ont du mal à conjuguer vie privée et vie professionnelle. Nous souhaitons agir sur cela également en aidant les femmes à se dépasser, à oser, à voir plus loin. Toutes nos actions doivent leur permettre d’avoir confiance et envie de se lancer et de franchir le cap.
L’essentiel, selon moi, c’est de pouvoir se construire en tant que dirigeant avec son autorité et son mode de management. Nous pouvons mettre en avant que les entreprises dirigées par des femmes seraient plus rentables, plus stables et plus pérennes.
Il ne s’agit pas de se dire si un dirigeant d’entreprise homme est meilleur qu’une femme. Il y a autant de managers que d’individus. Les femmes sont des managers comme les autres même si parfois on leur prête certaines caractéristiques, notamment la capacité à écouter. Elles seraient plus dans le « savoir-être » quand les hommes seraient dans le « savoir-faire ». Elles auraient des qualités pour le travail en équipe, la diplomatie et les relations humaines. Mais ce sont souvent des stéréotypes, qu’il faut parfois combattre. L’essentiel, selon moi, c’est de pouvoir se construire en tant que dirigeant avec son autorité et son mode de management. Nous pouvons mettre en avant que les entreprises dirigées par des femmes seraient plus rentables, plus stables et plus pérennes. Elles affichent en moyenne de meilleurs retours sur investissements que celles menées par les hommes. Et en cela, cela vaut la peine de les soutenir et de favoriser leur développement.
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