Par Dr. Stéphanie Melyon Reinette sociologue et artiviste
Photos : Yvan Cimadure - Xavier Dollin
L’afrodescendant est l’individu procédant de générations esclavagisées, tout ou en partie. En effet, un afrodescendant est bien souvent le résultat d’une miscégénation – d’un métissage – et n’est donc pas un Africain pur souche. Toutefois, cette expression ne retient que l’ascendance africaine. Ses racines européennes ou asiatiques (indiennes, indochinoises/vietnamiennes ou amérindiennes) sont ignorées ici. Par ailleurs, tous les afrodescendants ne se ressemblent pas, puisque l’individu est unique par définition, et d’autre part, parce qu’il y eut plusieurs processus de colonisation. En effet, les afrodescendants sont les génitures des peuples de la diaspora africaine – sous-entendu ici les peuples et sociétés nés de la traite négrière – et donc issus de processus français, anglais, espagnols, portugais et italiens (dans une moindre mesure). Nous parlerons principalement des aires francophones et anglophones.
Plan d'un navire négrier de Nantes, traite d'août à décembre 1769 ; les esclaves venant d'Angola (ils sont 312 au départ d'Afrique) sont entassés sur l'entre-pont. Château des ducs de Bretagne, musée d'Histoire de Nantes. Photo : chateaunantes.fr
Nous Guadeloupéens et Martiniquais, caribéens francophones, nous sommes le produit d’une colonisation « à la française ». Quelle différence cela induit-il dans nos visions du monde, et en comparaison d’un afrodescendant anglophone – étatsunien ou africain ? Quant à parler d’entrepreneuriat, la question fondamentale reste de comprendre si nos histoires respectives nous ont permis de nous accaparer du monde des idées dans un contexte occidental/isé capitaliste (évidemment que ce fut le cas en Afrique, avant la traite, avec un autre monde, et une autre idéologie !).
(…) la plantation n’instruit guère le « nègre ». Il est baptisé comme le bien meuble qu’il est, et on lui inculque une vision de lui-même négative. Fanon d’écrire que le destin du colonisé c’est le blanc.
Entreprendre, signifie « commencer à faire », « amorcer quelque chose », ou « tenter de séduire ». Et effectivement, la démarche entrepreneuriale englobe tout cela. Il s’agit avant tout d’amener du neuf et de séduire des prospects (des clients potentiels) en leur apportant un service, en créant un besoin. Aussi, l’entrepreneur est-il un précurseur, un avant-gardiste, un initiateur, un pionnier, un visionnaire. Nous faisons le distinguo avec la démarche commerciale simple (achat/revente) qui fait recette depuis des lustres : les Ti lolos d’autrefois (éteints ou presque face aux grandes surfaces) et autres marchand.e.s en tout genre (et encore la vendeuse de cacahuètes grillées transformait-elle quelque peu le produit initial). C’est une forme d’entreprise qui n’a rien de comparable avec l’entrepreneur qui imagine, invente, propose un produit nouveau et crée un nouveau marché. C’est là notre intérêt. L’afrodescendant est-il un entrepreneur ? Innove-t-il ? Il nous faut explorer notre histoire afin de mieux analyser les faits.
La série "Marrons" © Fabrice Monteiro.
D’une culture du « rouage » et du troc
Le philosophe guadeloupéen Cyril Serva disait (j’aime à le citer !) que l’école était le seul moyen de sortir des champs de canne. Effectivement, lorsque le système esclavagiste est aboli, la France se propose d’assimiler les ‘créoles’, mission salvatrice afin de donner à ces êtres sans culture, une histoire, un destin, une langue, une vision du monde. C’est là le projet de Schœlcher. Avalisé et appliqué jusqu’à aujourd’hui. Préalablement à cela, la plantation n’instruit guère le « nègre ». Il est baptisé comme le bien meuble qu’il est, et on lui inculque une vision de lui-même négative. Fanon d’écrire que le destin du colonisé c’est le blanc. L’autre. Ainsi, toute évolution statutaire est axée sur l’exemple du colon. Excepté que cet univers plantationnaire induit une sectorisation drastique de l’espace social : le maître et les esclaves, puis les patrons et les ouvriers. Entre 1848 et 1946 – soit l’abolition de l’esclavage et la départementalisation –, ce phénomène change peu. Une évolution est permise à l’afrodescendant à travers l’éducation (retour sur Serva) – et l’acquisition d’un capital culturel lui permet l’acquisition d’un capital économique, et le changement de classe sociale. Apparition d’une classe intellectuelle, d’une classe moyenne.
L’intellectuel porte un masque blanc (ne croyez pas que je m’égare… j’y arrive), et cela aux yeux de ses compatriotes également. Toutefois, malgré ces ascensions, les catégories socioprofessionnelles dans lesquelles les afrodescendants évoluent sont restreintes : petits fonctionnariats (cf. Bumidom), hauts fonctionnariats, professorat, métier du soin et du service à la personne (infirmières, médecins, psychologues…), petits commerces, voire même la politique (qui est un métier secondaire, voire complémentaire). Les choses évoluent, mais le monde de l’entrepreneuriat appartient à ceux qui en ont la culture : Békés (l’esclavage a été une vaste entreprise ! Canne à sucre, rhum, sucre, transport, import, grande distribution), Syro-libanais (le commerce de tissus et de soies depuis des millénaires), Indiens (acquisition des terres et diversification du marché agricole, transport, carburant, etc.), et aujourd’hui Haïtiens et Dominicains (une de leurs stratégies d’intégration) et Chinois (le commerce fait traditionnellement partie de leur culture).
(...) n’étant pas propriétaire de son environnement comme de son pays, il ne se l’appropriait pas. Il y vit. S’y identifie culturellement. Mais n’en prends pas la mesure pour en prendre pleinement possession et le transformer. L’autre, le dominant l’a toujours fait.
L’afrodescendant – le noir – pâtit d’une culture du « rouage ».
Il est historiquement un rouage de ce grand système qu’il entretient par son fort potentiel de consommateur. La consommation – et nous irons vite ici – est l’apanage des classes les plus basses pour se vêtir des signes extérieurs de richesse vus chez les classes les plus élevées. Aussi, sa référence du succès est sa capacité à sur/consommer. Du moins jusque là. De plus, il pâtit également d’une culture du troc – dont ses ancêtres ont eux-mêmes été sujets – qui le pousse à un marchandage phagocytaire, pour lui-même comme pour ses compatriotes. « Le crédit est mort », annoncent de nombreuses petites enseignes dans les petits commerces. Il se brade, car il se sous-estime. La culture du petit-fonctionnariat en est un des exemples les plus criants. Beaucoup de parents craignent l’entrepreneuriat et poussent leur progéniture à passer un petit concours pour jouir de la sécurité de l’emploi offert par l’État. Ainsi, ces cultures du rouage, du troc et de la tutelle sont des freins à son entrée dans le monde de l’entrepreneuriat. Entreprendre, c’est initier, séduire, vendre, mais aussi récolter pour réinvestir. Et prendre des risques !
Enfin, n’étant pas propriétaire de son environnement comme de son pays, il ne se l’appropriait pas. Il y vit. S’y identifie culturellement. Mais n’en prends pas la mesure pour en prendre pleinement possession et le transformer. L’autre, le dominant l’a toujours fait. C’est sans doute une différence fondamentale entre les afrodescendants francophones et anglophones : l’indépendance, ou le rapport à l’ancien colonisateur. Commonwealth et Francophonie n’adressent pas l’aide à leurs anciennes colonies de la même manière. Nous y reviendrons succinctement toutefois.
De gauche à droite : Lionel Laurendot (Vanilio), Johan Dolmare (Cubantilles), Yannick Hilaire (Wiwashimara), Yannick Jotham (Carter).
Mon pays, ma vision
Qu’est-ce qui pousse à entreprendre ? Qu’est-ce qui pousse un individu à s’investir dans une aventure entrepreneuriale ? La nécessité ou l’envie d’entreprendre émanent d’une volonté d’impacter le paysage socioculturel et économique du pays dans lequel on vit – qui peut être celui dont on est natif ou celui qu’on adopte pour un temps ou pour la vie. Nombreuses sont les entreprises créées par des étrangers chez nous et ailleurs. Impacter. La nécessité ou l’envie d’entreprendre émanent d’une volonté de restituer au pays quelque chose, qui lui aurait été retiré, falsifié.
« S’approprier le pays », c’est le connaître (ses ressources, ses faiblesses, ses forces, son écologie, son histoire, sa population, ses coutumes, etc.), l’habiter, le révolutionner.
Influencer. Faire muter. L’entreprise a pour vocation d’induire un besoin et par là même d’inciter à de nouveaux comportements, voire à de nouvelles mœurs. Il est donc crucial que l’entrepreneur.e s’imprègne de son environnement : l’étude de marché s’impose évidemment, mais avant tout la réappropriation et la connaissance du territoire, et du pays.
Indéniablement, les générations précédentes se sont appropriés le pays politiquement : il s’agissait d’offrir un destin à la Nation. Le discours idéologique s’est assorti d’actes militants politiques et culturels. Mais au niveau économique, le bât blesse encore. Les enfants des soixante-septards (qui sont aussi des soixante-huitards) sont les premiers à entreprendre, invariablement poussés par l’envie de laisser une empreinte dans leur paysage culturel. C’est là une révolution du tissu sociopolitique et socioéconomique de la Guadeloupe, pour parler de notre île en priorité.
© We buy black convention
" La Gwadloup sé tan nou " (et je tronquerais sciemment la suite) est un slogan qui a rythmé le pays pendant des semaines en 2009 et qui a laissé des traces indélébiles dans les mémoires, les mentalités et qui s’est ancré dans les discours. Si la première génération devenue française considérait la France comme l’eldorado, les dernières générations sont clairement plus américanisées, et caribéennes. Si elles envisagent leur avenir encore principalement en France – compte tenu des facilités d’accès aux études supérieures et la quasi-gratuité de celles-ci –, elles se dirigent de plus en plus vers des cursus universitaires dans des établissements de la Caraïbe, du Canada ou des États-Unis.
Une approche du monde bien plus en phase avec leurs identités et leurs ambitions. Le processus d’assimilation trouve ses limites face à une génération qui, mieux informée, s’éloigne des anciens modèles pour voir l’émergence d’une élite pronégriste, afro-caribéenne, panafricaine, panaméricaine. Face à elle, d’autres jeunesses qui entreprennent aussi, avec un succès fulgurant, et à une échelle internationale. En effet, les pays anglophones de la Caraïbe et d’Afrique jouissent de plusieurs avantages : une langue qui domine encore le monde, un statut politique qui favorise l’appropriation nationale – ils sont indépendants – et un communautarisme salutaire. Ce communautarisme salutaire qui pourrait paraître négatif de prime abord est une bénédiction pour la construction d’une identité forte. Récemment, une initiative nous interpellait dans la communauté noire de la ville d’Atlanta, consommer « Black ». Cela nous amenait à penser à un « consommer local » devenant un « consommer afrodescendant ».
« S’approprier le pays » c’est le connaître (ses ressources, ses faiblesses, ses forces, son écologie, son histoire, sa population, ses coutumes, etc.), l’habiter, le révolutionner. Sans connaissance du territoire, du peuple et de ses coutumes et de ses aspirations, comment le projeter, le faire évoluer ? Il faut aussi connaître ses besoins et ses carences afin d’apporter des solutions ou des services. Les afrodescendant.e.s sont-ils des précurseure.s ? Incontestablement et à plus d’un titre. De l’Afrique anglophone à la Guadeloupe, qui sont les nouveaux entrepreneurs et dans quels secteurs officient-ils ?
Mark Kaigwa, fondateur de Afrinnovation. © DW
Entreprendre contre l’inertie et les inégalités, pour des identités positives et la diversité.
Les entrepreneurs afrodescendants des pays africains anglophones se forment aux États-Unis ou en Angleterre (merci au Commonwealth !). Partir et revenir avec une plus-value pour son pays. C’est aussi le cas des francophones d’ailleurs ! Pallier les carences de leur pays, apporter des solutions, innover, sortir le pays du marasme.
Ils ont la vingtaine et révolutionnent le tissu économique du Kenya : Lorna Rutto, 28 ans, crée Eco post, une entreprise spécialisée en Green Tech (soit technologies vertes) qui produit des barrières à base de plastique recyclé en lieu et place du bois des forêts. Son produit est esthétique, durable et écologique ; Joel Mwale, 20 ans, fonde Skydrop entreprises, une entreprise de filtration et mise en bouteille des eaux de pluie pour produire une eau purifiée potable, lait et produits laitiers ; Evans Wadongo, 26 ans, avec SDFA Kenya, produit des lanternes LED solaires remplaçant petit à petit les lanternes à kérosène fumigènes dans les zones rurales qui ont peu ou pas du tout d’électricité ; Mark Kaigwa, jeune homme polyvalent et versatile, directeur et réalisateur de films créatif et talentueux, marketeur digital et entrepreneur de 25 ans, crée Afrinnovation une entreprise de valorisation des technologies innovantes ; Richard Turene, jeune homme de moins de 20 ans qui a créé les lampes anti-lions (lion lights) qui produisent des lumières clignotantes effrayant les lions ou encore Boniface Mwangi, un photographe kényan plusieurs fois primé, directeur du projet de Picha Mtaani, une exposition photographique itinérante tenue dans les villes du Kenya proposant aux regards des images des violences postélectorales. Il utilise la photographie comme catalyseur du changement social.
Tous ces jeunes portent un regard sur leur pays et entreprennent contre l’inusité, les inégalités ou les incohérences laissées par la colonisation.
Au Nigéria également, les jeunes font leur révolution : entre autres précurseurs, Jennifer Jemidafe, 30 ans, qui créa Jay-Tech Global Concepts Limited, compagnie de gestion de médias sociaux ; Adunola Macaulay, 27 ans, qui œuvre pour la jeunesse avec son Starlight Book Reading Club ; Temitope Oluwajmi, 25 ans, Indigo Events Services, une agence événementielle ; Donald Muo, 27 ans, avocat de formation, est devenu designer, event planner et éditeur de La Crème Magazine ; Pogoson Esesua, 21 ans, face au chômage croissant, elle crée son emploi en proposant une pâtisserie Indulge Cakes, inc ; Toyin Towolawi, 29 ans, crée la BMAT de Barber et la BMAT Beauty Academy autour de l’esthétique noire ; Temi Kolawole, 29 ans, directeur général de Antigravity une entreprise de développement d’architecture numérique (web design) ou encore Kehinde Afodeso, 27 ans, avec Atoke Makeup, elle propose des services liés à la mise en beauté africaine.
Tous ces jeunes portent un regard sur leur pays et entreprennent contre l’inusité, les inégalités ou les incohérences laissées par la colonisation. Ils favorisent une amélioration des pratiques culturelles, agricoles ou pastorales en modernisant tout en respectant leur environnement. Entre nouvelles technologies (TICs) et traditions, les nouveaux entrepreneurs développent des affaires qui prennent en compte leurs identités africaines et leur écologie. Ils concilient conscientisation identitaire, écologie, engagement quasi nationaliste et réappropriation et revalorisation culturelle. Notre Guadeloupe n’est pas en reste. Bien que francophone et francisée, notre société fait aujourd’hui l’expérience de renouveaux identitaires profonds : le mouvement nappyisme importé des États-Unis via Paris, les salons de beauté noire qui en ont découlé, les nouveaux soins, la revalorisation du créole et des traditions, le retour à notre pharmacopée ont permis un ancrage d’autant plus important des dernières générations, avec une contagion des précédentes.
De gauche à droite : Alicia Hadjard (Carter), Rachel Lollia (Pawoka), Coralie Febrissy (Creole Trip).
En Guadeloupe, beaucoup de femmes
Selon les chiffres de l’INSEE, de plus en plus de femmes sont créatrices de nouvelles entreprises (37 % en 2006). Les réseaux sociaux confirment cette tendance. Parmi nos entrepreneures phares, nous comptons dans le domaine de l’esthétique et des beautés noires, le salon Gossip Curl (Johana Morvan) qui vise à restaurer les femmes dans leur nature (capillaire), Ochun Fashion (Anicée) qui met en lumière les nouvelles créatrices de mode, ou Glam Ethnik (Nadine Ramin alias Ayden), une marque et ligne de couture panafricaine, ou encore Tessa Whitaker et sa parfumerie. L’industrie du cheveu naturel ne s’est jamais aussi bien portée, tout comme la mode afro-caribéenne.
Oui, l’entrepreneuriat des Afrodescendants est innovant et révolutionnaire, en phase avec leurs environnements, et libertaire. Il existe et se développe de manière exponentielle.
Dans la restauration, notons Désirs du Palais (Fabienne Youyoutte) qui offre une gamme de saveurs glacées guadeloupéennes, Archibon (Christelle Jean-Marie) une cuisine pesco-végétarienne fraîche et locale ou les chocolateries l’Espace Naomi Martino et l’Écrin de Chocolat (Naomi Martino). Côté tourisme, Food’îles (ww.foodiles.com) un guide digital gourmand fondé par Jessica Brudey permettant de géolocaliser un restaurant ; Creole Trip, pour des activités de découverte originales pour découvrir la Guadeloupe autrement ou encore Veille Tourisme Antilles (Madly Schenin-King, Martinique), premier observatoire du tourisme dans la Caraïbe. Dans les médias, MJF Group pour la promotion de nos artistes et la création de nouveaux médias comme Génération Cup TV ou We Love Toubana Radio (Malika Jean-François, Publiciste). Toujours dans le domaine de la créativité et de l’image, Art & Visions Production (Nina Vilus) pour un cinéma guadeloupéen avant-gardiste et affirmé…
Du côté des hommes, ils sont nombreux. Mais parmi les innovateurs, mettons en lumière les frères Drumeaux : Lakasa (2001) ou le concept gastronomico-vintage du 1973 au cœur de Pointe-à-Pitre (David D.) ou Drums Video (Jonathan D.) une entreprise de production audiovisuelle et digitale. Dans les médias, Focus FWI et L'Incubateur FWI (Ken Joseph et Mike Matthew), ou Mediaphore.com (Mario Guiolet), alternatives aux organes de presse traditionnels. Des consultants novateurs et expérimentés, Gwadinvest (Cédrick Calmet) pour les montages financiers (alternatives ?) ou Arnaud Reinette dans le conseil de gestion et l’export vers l’Asie. Le Pr Henry Joseph et le Pr Paul Bourgeois, certes, de la génération de nos parents furent précurseurs de l’or vert avec Phytobokaz. Rachel Lollia revalorise notre pharmacopée avec une application fort utile Pawoka. Il y a en a tant d’autres… Concluons ici. Oui, l’entrepreneuriat des Afrodescendants est innovant et révolutionnaire, en phase avec leurs environnements, et libertaire. Il existe et se développe de manière exponentielle.
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