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Focus sur l'essentiel

Dernière mise à jour : 13 mai 2023

Par Mary B.

Photo : David Suarez

 



Vite, vite, dépêche-toi ! Je n’ai pas le temps ! Je suis débordé(e) ! Qui dans sa vie professionnelle ou personnelle n’a pas prononcé une de ces phrases au moins une fois ? Tout va vite, toujours plus vite, l’exigence vis-à-vis du temps devient régulière, tout s’accélère. Le temps de rien, le temps devient un grand tout et dévore nos jours. Alors si vous avez levé la main, peut-être avez-vous déjà, le temps de quelques secondes, dans les embouteillages ou dans une file d’attente, pris le temps de vous demander, mais pourquoi ? Dans quel but ? Quel est le sens de ma vie ?


Une fois dépassés le regard des autres, la déception des proches, claquer la porte aux jobs de rêve, à ce saint Graal qu’est la « carrière toute tracée », il en vient la réalisation que le plus important n’est en effet non pas le regard et l’approbation des pairs, mais bien celui que l’on pose sur soi.

Si aujourd’hui nous ressentons de plus en plus cette oppression du temps, cette sensation que la terre tourne plus vite, c'est que ses vibrations sont passées de 8 hertz à 17 hertz (résonance de Schumann). Le temps s’accélère, les questions s’amplifient, et nous sommes poussés vers un but : revenir à l’essentiel, à ce qui importe, aux valeurs et au sens que nous souhaitons donner au quotidien quand nous nous levons le matin.



© Priscilla Du Preez



L’essentiel – un mot si simple, qui pourtant peut se définir de maintes manières différentes. Pour certains, cela peut passer par une envie de ne pas étouffer notre instinct derrière les technologies et le commercial ou de s’accorder la liberté de choisir la voie du cœur et non forcément celle de la raison. L’essentiel peut aussi se décliner par un désir de donner la priorité à notre être spirituel et laisser en sommeil notre côté matériel. L’essentiel passe aussi par le désir et l’envie de revenir au plaisir de manger, de se cuisiner de bons petits plats, de savourer des mets, de partager un vrai repas. D’ailleurs, n’est-ce pas aussi la raison pour laquelle le « slow food », c’est-à-dire prendre le temps de manger, de mastiquer, de déglutir, prend son envol ? En effet, il nous rappelle que pour savourer un aliment et ressentir la satiété, nous devons prendre conscience que nous mangeons et nous focaliser sur nos aliments. Il en va de même pour notre consommation de boissons, et cet apogée du « green ».


L’art de la méditation et du retour à soi sont d’autres formes de ce « retour » à l’essentiel. Il en est de même, lorsqu’on s’accorde un temps de décompression, de dialogue avec son for intérieur. Comme si l’on appréciait un tableau, se délectait devant l'art ou s'attendrissait devant le sourire d'un enfant… Juste le temps de faire une « pause sur image », et parfois trouver les réponses à ces questions qui nous turlupinent le soir dans notre lit. C’est ainsi que pas à pas, nous commençons à penser autrement. Et cet autrement finit par se refléter dans nos actions quotidiennes telles que notre manière de consommer, peut-être plus en conscience, et que nous investissons autrement.

L’investissement se veut collaboratif avec l’avènement des plateformes de financement de type « crowdfunding ». Il suffit d’investir en ligne, donner un don ou une contribution pour qu’un projet citoyen aboutisse. Rassurons-nous, le citoyen-acteur à de beaux jours devant lui. Tout comme l’espace de travail, si l’on prend pour preuve la création de ces espaces de travail en commun « coworking ». En Guadeloupe, nous dénombrons de nombreux espaces de coworking et une plateforme dédiée aux projets ultra-marins : Feedelios. Les cagnottes, le troc voient leurs essors, de même que le don du temps. Une belle illustration se retrouve sur la plateforme Yakasaider sur laquelle son « temps » ainsi que ses compétences deviennent des valeurs d’échange et de partage.



© Manja Vitolic


" (…) c’est de la façon dont j’ai surmonté ces épreuves qui ont révélé une force en moi que je ne soupçonnais pas. Cette force est née d’un nouvel amour de moi-même et d’une plus forte connexion créée avec mon entourage et surtout ma famille. "


« Ne plus perdre sa vie à la gagner » Marx. La génération des late bloomers l’a compris et le vit. Traduit au sens littéral par « plante à floraison tardive », ces personnes s’accomplissent sur le tard, mais sont en quête d’un véritable accomplissement personnel. Ils découvrent leur voie, leur accomplissement, plus tard que les autres. L'important – après tout – n’est-il pas de s’épanouir à son rythme ? Une fois dépassés le regard des autres, la déception des proches, claquer la porte aux jobs de rêve, à ce saint Graal qu’est la « carrière toute tracée », il en vient la réalisation que le plus important n’est en effet non pas le regard et l’approbation des pairs, mais bien celui que l’on pose sur soi. Et, comme le perçoit Catherine Taret, auteure d’« Il n’est jamais trop tard pour éclore », toutes ces rencontres et ces expériences enrichissent l’être, et, de fait, nous font « pousser ». Les jeunes diplômés sont de moins en moins en quête du poste à millions et à haute responsabilité, et plus en quête de « sens » pour leur travail. Plus qu’aligner des zéros sur les chèques de fin de mois, le plus important réside dans la quête d’utilité sociale qui leur apporte de la satisfaction personnelle. Ils ont compris qu’il ne suffit plus de courir après des résultats éphémères, des heures supplémentaires facturées doubles, qu’une augmentation ne remplace pas la satisfaction d’un développement personnel et d’être en phase avec sa vie.


© Anna Meshkov



Ah cette quête du « sens » – « A purpose-driven life » ! Revenir aux métiers qui ont du sens. Les métiers de demain sont à 70 % des métiers pas encore inventés, réalisés ou créés. Ils sont aussi ces métiers qui ont du sens et vers lesquels nous retournerons. Et pour les 30 % restant ? Sur notre archipel, cela se matérialise aussi par le retour en force des métiers traditionnels, le plus souvent en lien avec la Terre. Ces métiers sont matériellement palpables et de fait donnent une satisfaction immédiate à celui qui l’exerce. Tout comme ces métiers qui ont de l’avenir et ne pourront être remplacés par une machine. Nous assistons à une floraison de métiers autour de l’encadrement personnel dit « coaching », pour guider ses pairs à atteindre un but, à changer de cap professionnel ou personnel. On se laisse désormais guider par sa passion, et ce, même après avoir passé la trentaine.


Prenons l’exemple de Stéphanie Lantin, 33 ans Guadeloupéenne, qui a choisi de s’installer à Zurich pour devenir « Coach de vie ». « Depuis le plus jeune âge, j’ai dû faire face à de nombreux changements : divorce de mes parents, adaptations à de nouvelles cultures et une décennie de hauts et de bas, suite à une relation qui m’a fait toucher le fond et s’est soldée par un divorce. Cependant, c’est de la façon dont j’ai surmonté ces épreuves qui ont révélé une force en moi que je ne soupçonnais pas. Cette force est née d’un nouvel amour de moi-même et d’une plus forte connexion créée avec mon entourage et surtout ma famille. Je veux être l’inspiration, le réveil, le guide pour faire découvrir aux gens que c’est en étant vulnérable que l’on crée des relations significatives, que c’est en s’aimant d’abord que l’on peut mieux prendre soin de l’autre et que nous sommes seuls responsables de notre bonheur et personne d’autres. On ne peut pas contrôler le vent, mais on peut apprendre à contrôler la voile. » Son travail l’amène à interagir principalement avec des femmes âgées de 25 à 40 ans, fatiguées de jouer le rôle qu’elles pensent devoir tenir dans une société de plus en plus exigeante. Stéphanie les aide à se (re)découvrir et à exprimer qui elles sont, afin de vivre une vie authentique, qui a du sens et vaut la peine d’être vécue. Alors, si aujourd’hui, plus que demain, a du sens, prenons le temps en tournant la page de se demander : « Sommes-nous “bien”  – à notre place ? ».

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